Dans précisément un mois et d'mi, ça va être le grand départ. Est-ce que c'est stressant? Ben oui, vraiment. C'est sûr. Tu peux pas pas être stressé quand tu mets ta vie sur pause pendant 4 mois. La dernière semaine a été remplie d'émotions et celles qui s'en viennent s'annoncent être pas mal chargées en terme de préparatifs. Non mais ça fait du stock à penser en sivouplaît. Surtout quand tu pars avec un chien pis que tu comptes payer 0$ pour l'hébergement.
On me dit que j'ai du courage. Que j'suis game. Que j'ai de la chance de pouvoir faire ça. J'ai envie de croire au moins aux deux premières affirmations.
Parce que non, c'est pas d'la chance. Ou en tout cas, on l'a travaillé fort, notre "chance". On s'est privé, on a économisé des sous, on a enduré nos pantalons troués en espérant que ça paraisse pas trop, on a acheté la viande qui était en spécial à l'épicerie pis on a encore des meubles dépareillés. Pis malgré tout ça, on se fera pas des accroires : y va coûter cher, ce voyage-là. Incluant l'achat du campeur (qu'on n'a toujours pas trouvé, d'ailleurs) pis les factures qui va falloir continuer à payer, peut-être 12 ou 14 000$. La bonne nouvelle, c'est que le campeur, si tout va bien, y va se vendre à d'autres trippeux quand on va revenir.
Mais faut se dire une chose : les factures, la bouffe pis les activités, on les aurait payées ici aussi. En 4 mois, fais le calcul, ça va vite en maudit quand tu restes chez vous. Non, on n'aura pas de salaire pendant ce temps-là, mais c'est ça. On a fait des choix en conséquence.
Le courage, ok, j'peux croire que j'en ai un peu. Mais j'me suis tellement crinquée à faire ce voyage-là qu'au final, c'est pu du courage, c'est de la réalisation. C't'un rêve qui va devenir réalité.
Le courage, c'est pas de partir, c'est de rev'nir.
Pis d'pas trop savoir c'que tu vas faire - ou, dans mon cas, le savoir un ti-peu mais pas savoir si ça va marcher. Même si j'suis certaine. Reste que j'pas sûre. Tu m'suis-tu?
Pis être game, ouin, ça, pour être game, j'suis game. Pis mon chum aussi. Pis mon chien aussi, mais ça, y l'sait pas tant qu'ça. Faut l'vouloir en maudit pour s'encabaner dans un boutte de tôle de même pas 800 pieds cubes pendant 4 mois avec un humain pis un chien. D'accepter d'être obligé de virer en rond pendant des dizaines de minutes pour trouver un spot où tu peux discrètement garer ta maison pour la nuit. D'accepter le fait que les restaurants vont vraiment devenir un très gros luxe - pis ça, ceux qui me connaissent savent que ça va être mon problème numéro un (j'pas vraiment douée pour faire à manger... mais y disent que ça s'apprend). Faut l'faire, partir avec un campeur plus vieux que moi pour un trip de 30 000 km. En hiver. Dans l'frette. Anyway, j'aime pas ça quand y fait trop chaud.
Ouep. Là, c'est l'boutte où j'suis stressée. Pour l'achat du campeur. Pour la sous-location de l'appart. Pour les vaccins du chien. Pour ma propre santé à moi. Pour celle de mon chum. Pour l'achat des assurances voyage (surtout avec mon aventure en Jamaïque, j'avais l'goût d'être blindée côté assurances, mettons). Pour la bouffe du chien. Pour les endroits où y'accepteront pas mon chien. Pour comprendre l'accent du sud des États-Unis. Pour parler en anglais pendant 4 mois. Pour être loin de mes parents, de ma soeur, de ma BFF, de mes amis, de mes repères. Pour la suspension de nos lignes cellulaires, pis l'achat d'un forfait mobilité américain. Pour mon chat qui va se faire garder. Pour le budget. Pour ma job que je quitte, pis pour la personne qui va prendre ma place. Pour le retour.
Mais esti qu'j'ai hâte pareil. Genre, le stress, tu peux aller t'coucher. J'te gère en masse.
La griffe à Sammy
C'est drôle, depuis quelques semaines, mes humains m'emmènent souvent faire des balades dans la grosse boîte qui se déplace. On roule, on roule, et à un moment donné, ils me laissent dans la boîte, marchent quelques pas (je ne les quitte pas des yeux, juste au cas où ils disparaîtraient à jamais), parlent avec d'autres humains et embarquent dans une boîte encore plus grosse pendant quelques minutes. Quand ils reviennent, ils parlent de "négocier", de "budget" et de "suspension à air qui coûte cher à faire réparer". Je ne comprends rien. Mais ce n'est pas tellement grave, parce qu'il y a des boîtes roulantes qui passent à côté de nous et ça prend toute mon attention. Desfois, quand il y en a une que je trouve particulièrement jolie, je lui crie qu'elle est belle. Mais les humains qui sont dedans me regardent toujours avec des yeux fâchés. Et mes humains à moi me disent toujours "Sammy, chut!". Je crois que c'est un mot d'humain qui veut dire "C'est vrai qu'elle est belle la boîte".
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