top of page
JSV - Bannière publicitaire (1).png

Danser sous la pluie

La semaine dernière, ça a fait 6 mois que notre univers s'est un peu écroulé. L'industrie du voyage a mal, elle souffre, et pourtant, on continue de lui pitcher des roches. On se fait reprocher de garder l'argent de nos clients en otage - ce qui est bien évidemment faux. On accuse les coups mois après mois, semaine après semaine. Chaque prolongation nous gifle en pleine face : frontières fermées, quarantaine obligatoire, recommandations du gouvernement. On se fait pointer du doigt quand on ose encourager les gens à voyager. On se fait juger d'avoir envie de tester les nouvelles mesures en place dans les aéroports et les avions. "Franchement, t'as pas honte? C'est à cause du voyage que le virus s'est propagé!"


Les premiers à mettre les pieds dans les restaurants à la réouverture, ça a été les restaurateurs. Les premiers à mettre les pieds dans les commerces, ça a été les commerçants. Les premiers à mettre les pieds dans les salons de coiffure, ça a été les coiffeurs. Parce qu'ils ont voulu préparer le terrain, mettre en place des procédures sécuritaires... Mais nous, professionnels de l'industrie du voyage, on a les mains et les pieds liés. On ne nous laisse pas, ou presque pas la chance de se refaire, de prouver que le voyage sécuritaire, ça existe.


Ça fait quelques jours que je vois des collègues s'exprimer, tenter de parler publiquement, crier à l'aide sur les réseaux et dans les médias. On est en train de sombrer là, faut faire quelque chose. Y'a près de 200 agences qui ont fermé leurs portes au Québec depuis la dernière année, alors que nos business se portaient très bien avant toute cette folie. Deux cents!!! Et là, j'vous dis même pas le nombre de collègues, ou plutôt ex-collègues, qui ont décidé de se réorienter de peur que leur métier soit complètement enrayé... Est-ce qu'il peut y avoir un plus gros red flag? 🚩


C'est une industrie entière qui est en train de s'effondrer et personne ne nous tend la main pour nous donner un coup d'pouce. Tout c'qu'on demande, c'est un p'tit plan de relance... Une "phase" qui nous concernerait. Même si c'est la "phase 350", c'pas grave. Mais ça encouragerait, juste de se faire dire "Hey, on vous oublie pas. On l'sait que c'est difficile pour vous, pis on a pensé à faire [?] pour vous aider."


On se démène dans une marée haute qui ne cesse de nous ravaler à chaque jour. On est oubliés par nos grands dirigeants, quelque part entre les promesses aux consommateurs qui réclament des remboursements et les mégas compagnies aériennes qui obtiennent des subventions majeures. On a droit aux regards de pitié accompagnés de "Ah ouin ein, ça doit pas être facile pour vous."... malheureusement, la pitié, ça ne paie pas les factures. Mais si on a le malheur de dire qu'on est reconnaissants d'avoir droit à l'aide du gouvernement, on se fait traiter de paresseux qui encaissent les sous de l'état sans lever le p'tit doigt. On se fait dire de se trouver une autre job en attendant. On se fait dire qu'il y a plein d'autres opportunités d'emploi. On se fait dire que ça serait mieux que de rien faire.


Si ta maison passe au feu, crois-moi, t'as pas besoin de te faire dire "T'as juste à te trouver une autre maison, c'est simple!" ... ça va tellement au-delà de ça. C'est un univers qui s'écroule. Ça implique un méga melting pot d'émotions. C'est pas facile. Y'a des jours où c'est les chutes Niagara sur mes joues, d'autres jours où c'est le désert de Gobi dans mon cœur pis où j'me sens comme un raisin sec.


On se fait dire de se réinventer. De vendre des produits locaux... Ok, oui. J'suis d'accord. Malheureusement, entre vendre un voyage en Europe et vendre un weekend dans Charlevoix, j'vous laisse deviner que le profit est pas tout à fait le même. Faudrait que je vende environ 50 weekends à Charlevoix par mois pour faire un salaire relativement décent. Pis on va se le dire, le réflexe de 90% des Québécois qui veulent aller passer un weekend dans Charlevoix, c'pas nécessairement de passer par un conseiller en voyage. Y'a toute une mise en marché à faire, pis c'est plate, mais on n'a pas le luxe d'attendre à l'année prochaine avant de pouvoir bâtir une clientèle qui nous permettrait de vivre. Alors voilà, non, ce n'est pas une solution viable ni à court, ni à moyen, ni à long terme.


Oui, je garde le sourire. Oui, ce congé forcé m'a emmené des belles réalisations et m'a permis de faire plein d'autres choses le fun. Mais... J'trouve que l'averse commence à durer un peu trop longtemps. J'suis tannée de danser sous la pluie. J'ai juste envie d'une éclaircie qui durerait plus qu'une journée. ☔

JSV - Bannière publicitaire (2).png
bottom of page